Bloc de formation consacré à la conduite des politiques publiques dans les territoires pour la promotion 2024-2026

  • Formation initiale

Du 12 au 23 février 2024, la promotion 2024-2026 en formation initiale à l’Institut national du service public (INSP) a suivi un bloc de formation consacré à la conduite des politiques publiques ayant pour thématique la lutte contre les violences faites aux femmes. Les élèves ont eu l'opportunité de réaliser des visites sur le terrain et d'aller à la rencontre d'associations, d'établissements hospitaliers et autres institutions bas-rhinoises. L'objectif principal de ce programme du nouveau cursus est de doter les élèves des compétences nécessaires pour élaborer, mettre en œuvre et évaluer des politiques publiques efficaces au niveau local.
Crédit image | ©Nicolas Brehm • Institut national du service public (INSP)
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Le nouveau cursus de formation initiale vise à former les futurs hauts fonctionnaires aux enjeux de l'action publique et à leur permettre l'acquisition des compétences nécessaires à l'exercice des fonctions de cadre supérieur de l'État, en combinant des enseignements et des stages pratiques.

Avant leur départ en stage, les élèves participent à une phase d'enseignements communs de 4 mois. Ces enseignements ont pour objectif l'acquisition du socle commun des compétences communes à l'ensemble des cadres supérieurs de l'État. La conception pédagogique de ces enseignements est structurée autour de différents blocs, qui débouchent chacun sur une mise en situation spécifique permettant d'évaluer différentes compétences du référentiel de formation.

 

Bloc de mise en situation n°3

"Conduire des politiques publiques dans les territoires" • du 12 au 23 février 2024

Composée de 89 élèves issus des 5 concours d’entrée à l’INSP, la promotion 2024-2026 a participé à un bloc de formation intitulé "Conduire des politiques publiques dans les territoires" ayant pour thème la lutte contre les violences faites aux femmes. Avant la mise en situation professionnelle, des sorties sur le terrain ont été organisées pour permettre aux élèves de mieux comprendre la réalité du terrain ainsi que les interactions entre les différents acteurs impliqués dans une politique publique.

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 Objectifs pédagogiques

    Checklist
  • Titre
    Mobiliser les acteurs locaux

    Quels leviers sont activés ?
    Quels acteurs sont mobilisés ?
    Quels acteurs sont associés au niveau déconcentré ?
    Et les agents au contact direct des usagers ?

  • Titre
    Adapter une politique publique aux contraintes du terrain

    Quels sont les contraintes et contextes locaux ?
    Comment prendre en compte des usagers ?

  • Titre
    Comprendre une évaluation

    Comment évaluer si un dispositif est pertinent ?
    Et comment savoir si la politique publique est performante dans un territoire donné ?

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• Conseillère pédagogique référente : Catherine Bouët (assistée par Caroline Dumont)

• Référente externe : Cécile Guilhem, sous-directrice des polices sanitaires, environnementales et de sécurité à la direction des usagers et des polices administratives à la préfecture de police

  • Lundi 12 février • Cadrage sur la politique publique égalité femmes et hommes
    • Regard institutionnel | Catherine Petit, cheffe de service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes, DGCS, ministère chargé des affaires sociales
    •  Recherche | Pauline Delage, sociologue au CNRS
    • Adapter une politique publique à un territoire et élaborer un diagnostic territorial | Chef du service statistique du ministère de l'Intérieur

    Mardi 13 février • Atelier Recherche
    • Mise en œuvre d’une politique publique, rôles des agents de terrain : les politiques de contrôle de l’Etat social et le rôle des agents de terrain | Vincent Dubois, professeur à Sciences Po Strasbourg et Michel Reyser, ex-directeur de la CAF du Bas-Rhin

    Mercredi 14 février • Visites sur le terrain
    • SOS France Victimes 67
    • MPF67 - Gendarmerie
    • Centre suivi et prise en charge auteurs de violences (CPCA)
    • Solidarité Femmes 67
    • Hôpitaux universitaires de Strasbourg
    • Tribunal judiciaire de Strasbourg

    Jeudi 15 février • Conférences et enseignements
    • Evaluation des politiques publiques : "Comment construire un indicateur de suivi de l'action publique : quantification, échantillonnage, biais statistiques, précautions et redressements" | Adam Baïz, coordinateur de l'évaluation des politiques publiques et des partenariats académiques à la Cour des comptes
    • "Comment estimer le coût et l'impact d'une action publique : analyses socioéconomiques, raisonnements, contrefactuels" | Adam Baïz, coordinateur de l'évaluation des politiques publiques et des partenariats académiques à la Cour des comptes

    Vendredi 16 février • Conférences et enseignements
    • Evaluation des politiques publiques : "Comment expliquer le succès ou l'échec d'une action publique : recul épistémologique, approches qualitatives et mixtes, les biais cognitifs" | Adam Baïz, coordinateur de l'évaluation des politiques publiques et des partenariats académiques à la Cour des comptes
    • Travaux de groupes et restitution : "Comment conduire une évaluation en pratique : bonnes pratiques nationales et internationales, utilité des EPP dans le débat public"

    Lundi 19 février • Table-ronde
    • Mobiliser les acteurs locaux (justice, santé, gendarmerie) : "Comment faire, difficultés, freins, facteurs de succès" | Ombeline Mahuzier, présidente du tribunal judiciaire de Colmar ; Justine Canales, médecin légiste à l'Institut médico légal de Tours ; Stéphanie Serrat, lieutenante colonelle, officier adjoint prévention à Metz

    Mardi 20 février • Atelier recherche et conférence scientifique
    • "Comment évaluer une politique publique" : le cas de la politique d’insertion et de maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap dans la fonction publique | Asmaa Ata, chercheuse à l'Université de Pau et Danièle Lamarque, conseillère maître, membre français de la Cour des comptes européenne
    • Eclairages disciplinaires de l’action publique : le cas des sciences de gestion | Manel Benzerafa, maître de conférences à Paris X et Danièle Lamarque, conseillère maître, membre français de la Cour des comptes européenne

    Mercredi 21 février • Retours d’expériences du terrain
    • Cellules d’accueil des femmes de l'APHP | Wided Haloua, et un intervenant de la préfecture de Police
    • Méthodologie conduite de projet et méthodologie du plan d’action (e-learning)

    Jeudi 22 février • Mise en situation professionnelle
    • Mise en situation par groupe d'élèves
    • Rédaction individuelle du plan d’action | Sonia Baudry, administratrice de l’État à la Direction de l’information administrative et légale (Dila) ; Fadela Benrabia, préfète d’Eure-et-Loir ; Cécile Guilhem, sous-directrice des polices sanitaires, environnementales et de sécurité à la direction des usagers et des polices administratives à la préfecture de police ; Sophie Van Puyvelde, magistrate de l'ordre judiciaire et "ancienne conseillère lutte contre les violences faites aux femmes de la Ministre de l'Egalité ; Claire Tessier, directrice générale des services adjointe en charge de la recherche des projets et des partenariats à l'Université de Lorraine

    Vendredi 23 février • Regard au delà des frontières
    • Partage de bonnes pratiques : exemple de la police espagnole | Inspector Celia Sanchez-Orellan
    • Phase de débriefing par groupes

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Crédit images | ©Nicolas Brehm • Institut national du service public (INSP)
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Visites sur le terrain

Les élèves ont eu l'opportunité de cerner de manière plus concrète les différents enjeux d'une politique publique et de poser des questions pratiques à des professionnels lors des visites sur le terrain organisées avec :

 

Cette journée était particulièrement intéressante. La structuration en plusieurs visites de terrain puis le débriefing entre élèves était pertinente. Ce type de format nous permet réellement de nous projeter dans un dialogue et une compréhension des acteurs des politiques publiques !

Témoignage d'un élève de la promotion 2024-2026

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Ce bloc a ensuite donné lieu à une mise en situation professionnelle spécifique qui a permis d'évaluer plusieurs compétences du référentiel de formation. 

 

Mise en situation professionnelle

L’objectif de la mise en situation est d’aborder les différents leviers de la coordination interministérielle et la nécessité de travailler la mise en œuvre de politiques publiques avec des acteurs issus de cultures administratives différentes et ayant des contraintes et des enjeux distincts.

L’enjeu est également pour les élèves de toujours placer l’usager au centre de la conception et de la mise en œuvre d’une politique publique et d’adapter une politique publique aux contraintes du terrain (contraintes et contexte locaux, prise en compte des usagers, etc.).

La séquence de rédaction du plan d'action, par groupes d'élèves, a été animée par :

  • Sonia Baudry, administratrice de l’État à la Direction de l’information administrative et légale (Dila)
  • Fadela Benrabia, préfète d’Eure-et-Loir
  • Cécile Guilhem, sous-directrice des polices sanitaires, environnementales et de sécurité à la direction des usagers et des polices administratives à la préfecture de police
  • Claire Tessier, directrice générale des services adjointe en charge de la recherche des projets et des partenariats à l'Université de Lorraine
  • Sophie Van Puyvelde, magistrate de l'ordre judiciaire et ancienne conseillère lutte contre les violences faites aux femmes de la Ministre de l'Egalité

L'implication de l'INSP sur ce sujet est symboliquement forte mais aussi très opérationnelle : cet exercice vise à préparer les élèves à leur future prise de poste au cours de laquelle ils pourront être engagés, au nom de l'État, dans la lutte contre les violences faites aux femmes sur leur territoire.

Sophie Van Puyvelde • Magistrate de l'ordre du judiciaire

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En complément des autres enseignements, les élèves ont également été amenés à aborder la question centrale des indicateurs, indispensables pour mesurer l’action publique et ses effets, notamment dans le cadre d’une expérimentation ; la mobilisation de différents financements pour des projets qui n’ont pas toujours de budgets propres ; les actions de communication.

  • L’égalité entre les femmes et les hommes a été érigée au rang de grande cause nationale du quinquennat. Un des axes majeurs est la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes. La lutte contre ces violences a connu une nouvelle impulsion lors du grenelle lancé en 2019 avec l’établissement d’une feuille de route.

    Lors de ce Grenelle des violences conjugales en 2019, les Préfets et les Procureurs ont été amenés à réunir professionnels, spécialistes et experts - agents des services de l’État, élus locaux, associations, forces de l’ordre, éducateurs, magistrats, travailleurs sociaux, professionnels de la santé, du logement, etc. afin qu'ils apportent leurs analyses et leurs recommandations. Ces travaux ont nourri les schémas départementaux de lutte contre les violences faites aux femmes, qui ont vocation à présenter l’existant dans le département, les manques identifiés et les actions à conduire.

    Lors de ce grenelle, décliné sur l’ensemble du territoire, le constat partagé par tous les experts a été la nécessité d'une culture commune partagée et d'un partenariat étroit de l'ensemble des nombreux acteurs intervenant auprès des victimes de violences conjugales.

    Les constats qui ont émergé au cours de ce Grenelle ont conduit certains élus à porter des projets innovants tel que celui de centre d’accueil pour femmes victimes de violences porté par la médecine de ville et notamment SOS médecins. Cette idée de centre d’accueil a été renforcée par un double constat : celui de l’existence de nombreux acteurs œuvrant dans le champ de la prise en charge des femmes victimes de violences sans toujours de réelle coordination d’une part et celui de l’existence de diverses difficultés d’autre part auxquelles se heurtent les victimes :
     une insuffisante connaissance par les femmes des acteurs ou des dispositifs existants et disponibles
    des lieux qui sont ouverts sur des plages horaires limitées, et/ou peu accessibles pour des femmes sans moyen de transport
     des lieux qui peuvent être perçus comme intimidants voire dissuasifs
    • une insuffisante coordination entre les différents acteurs de la prise en charge, laissant à la victime la charge de se rendre successivement dans les services concernés

    Trois ans après le lancement du Grenelle, une instruction signée par la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances demande à l’ensemble des préfets de renforcer sur le territoire national les actions menées dans le champ de la lutte contre les violences conjugales alors que les chiffres en la matière sont toujours élevés.

    Ces actions doivent permettre d’améliorer la détection des signaux faibles. Les statistiques montrent qu’une femme sur 10 en général serait victime de violence, 1 femmes sur 4 qui se présentent devant un médecin généraliste et une femme sur 3 aux urgences. Face à ce constat, les partenaires associatifs réclament une meilleure prise en compte de ces femmes dans l’ensemble de la chaine en instaurant un climat de confiance.

  • Vous êtes en poste dans un grand département, où le maillage territorial des hôpitaux est large : centre hospitalier universitaire à dimension européenne mondialement reconnu, disposant d’une vingtaine de sites hospitaliers et d’une vingtaine de services d’urgence. De nombreuses associations d’aides aux victimes œuvrent sur le département. La direction de la sécurité publique a déjà développé des permanences de policiers au sein d’une structure type maison des femmes et un numéro dédié existe à l’attention des services d’urgence existe pour une relation plus directe en cas de danger détecté par les services d’urgence.

    Pour autant, sur votre territoire, la hausse des violences conjugales reste très marquée (+20% entre 2021 et 2022 soit 7 points de plus que la moyenne régionale). Certains hôpitaux ont amorcé un travail renforcé dans leurs relations avec les médecins traitants dans une logique de "médecine de parcours".

    La mise en situation démarrera suite à la sollicitation du préfet de département par le député de la circonscription, médecin généraliste de formation, qui souhaiterait développer un nouveau centre d’accueil pour femmes victimes de violences conjugales dans le département. Suite à cette sollicitation, le préfet demande à son directeur de cabinet de travailler avec l’ensemble des partenaires sur l’ouverture d’un tel centre. La mise en situation consiste, dans un temps donné, en la conduite d’une réunion des acteurs institutionnels qui pourraient être parties prenantes à cette expérimentation. Dans cette perspective, chaque élève reçoit une fiche de rôle. Cette réunion devra aboutir à la constitution de livrables, sous forme collective et individuelle.

    Au regard des axes retenus dans le cadre du grenelle des violences conjugales, et des expérimentations portées sur d’autres territoires, le tour de table des différents partenaires doit conduire à identifier les difficultés et freins à lever pour mettre en place ce centre qui a pour objet la détection des signaux faibles et l’inscription dans un environnement qui tend à un accompagnement global, personnalisé et individualisé des femmes victimes de violence. En effet, la lutte contre ces violences et la protection des victimes commandent la mise en place d’un continuum dans leur prise en charge afin de pallier les difficultés matérielles et les craintes que les victimes éprouvent à entamer ou à poursuivre les démarches notamment judiciaires.

    Par groupes, les élèves seront chargés de tenir leur position en réunion et proposer des axes de travail permettant l’établissement d’un schéma ou cahier des charges présentant le fonctionnement de ce centre d’accueil pour femmes victimes de violences. Cette réunion doit permettre par la mobilisation des compétences et expériences des différents partenaires de déterminer le mode d’organisation qui pourrait être proposé pour faire fonctionner ce centre qui réponde à l’enjeu de détection des signaux faibles, accompagnement vers les structures idoines pour prise en charge et prévention des situations les plus à risques.

    Ce temps de travail collectif sera l’occasion de soulever les difficultés d’un partenariat souvent complexe entre DDFE, préfecture, SOS médecins-syndicat des médecins, CHU, ARS, forces de l’ordre, acteurs institutionnels et associatifs.

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Développer les compétences du référentiel de formation

La mise en situation a permis d'évaluer plusieurs compétences du référentiel de formation :

  • Développer une vision stratégique : construire une proposition efficiente, définir une stratégie et s’y inscrit de manière adéquate, s'assurer de la faisabilité et l'opérationnalisation des mesures

  • S'adapter : savoir analyser son environnement

  • Transformer : savoir construire un plan d’action, savoir intégrer la complexité dans son action

  • Conduire un projet : savoir organiser le projet

 

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Nouveau cursus de formation initiale

Pourquoi réformer le cursus de formation initiale de l’INSP ? Quels sont les grands axes de transformation ? Quelles modalités pédagogiques seront mises en œuvre ? Quelle gouvernance est prévue pour accompagner ce nouveau cursus ?

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