Conférence INSPiration | "Voter autrement"
Présentation des conférences INSPiration
Les conférences "INSPiration" visent à élargir les réflexions des élèves au-delà des enseignements stricto sensu et à leur apporter une hauteur de vue sur les divers sujets à grands enjeux européens, nationaux et internationaux en lien avec l’actualité. Les sujets de ces conférences reflètent les grands défis auxquels sont confrontés les pouvoirs publics, les sociétés et les citoyens.
L’originalité est qu’elles sont conçues et préparées par les élèves eux-mêmes, avec le soutien des équipes pédagogiques de l’INSP.
La conférence INSPiration intitulée "Voter autrement" s'est déroulée le mardi 17 mai 2022 au sein des locaux strasbourgeois de l'Institut national du service public (INSP). L’objectif de cette conférence a été d’échanger sur les modalités politiques et techniques du vote.
Deux intervenants ont été invités à apporter leur éclairage et à échanger avec les élèves :
Chloé Ridel
Ancienne élève de l’ENA (promotion Georges Orwell). Elle intègre la Direction générale du trésor. Elle est actuellement présidente de l’association Mieux Voter, qui a pour but de faire évoluer les modes de scrutin et notamment de promouvoir le système de jugement majoritaire. Elle est également directrice adjointe de l’Institut Rousseau, un laboratoire d’idées sur la "reconstruction écologique et démocratique" de nos sociétés.
Gilles Mentré
Ancien élève de l’ENA (promotion Copernic). Après quelques années au sein de l’Inspection Générale des Finances, il est entré au cabinet du Ministre de l’Economie Thierry Breton en 2006. Il est ensuite conseiller à l’Elysée entre 2008 et 2009 puis directeur adjoint de cabinets ministériels. Aujourd’hui, il est le président cofondateur d’Electis. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif dont l’activité consiste à utiliser au mieux les nouvelles technologies dans les processus électoraux. Elle présente ainsi des solutions de vote démocratique en assurant la transparence et la sécurité du scrutin. Elle travaille avec des collectivités locales et développe ainsi une application pour la ville de Neuilly-sur-Seine permettant aux habitants de voter tous les mois pour des projets culturels.
Cette conférence a été organisée et animée par Frédéric Blanc et Pierre Fontaine. Félicitations aux intervenants et aux élèves !
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La conférence aura lieu le 17 mai 2022, un mois après le deuxième tour de l’élection présidentielle et près d’un mois également avant les élections législatives. Dans ce contexte, l’objectif de la conférence sera d’échanger sur les modalités politiques et techniques du vote.
En effet, malgré une place du politique plus prépondérante dans la vie quotidienne des citoyens, du fait des crises et de leur impact sur les libertés fondamentales, le vote ne semble plus jouer ce rôle régulateur de l’intervention de l’État, pensé comme tel par les constituants de la Déclaration des droits. Le poids prépondérant de l’élection présidentielle au suffrage universel direct, renforcé par la concordance des mandats parlementaires, modifie substantiellement l’équilibre des pouvoirs. De nombreux politiques, journalistes et citoyens critiquent aujourd’hui un système où un Président élu par une fraction seule du corps électoral disposerait à sa guise de l’agenda politique sans contrepouvoir affirmé, et sans possibilité pour les citoyens de s’exprimer régulièrement sur les sujets qui intéressent notre nation.
Dans ce contexte, les citoyens se détournent massivement du vote. Les élections locales de 2020 et 2021 en France ont montré des taux d’abstention record. D’après une enquête du CEVIPOF et de Sciences Po Paris, le principe même de la démocratie est remis en question : près de la moitié des Français préfèrerait avoir un mode de gouvernement moins démocratique mais plus efficace.
Face au désintérêt démocratique et la désaffection pour les libertés, des initiatives existent au niveau politique afin d’augmenter la participation des citoyens. Outre les principes de démocratie directe, réclamés par de nombreux Gilets Jaunes, ou participative, le mode de scrutin lui-même fait aujourd’hui débat. L’implication directe de citoyens tirés au sort est également une pratique de plus en plus réclamée, et mise en place par exemple lors de la Convention Citoyenne sur le Climat. Les débats pourront donc porter sur ces initiatives, les espoirs qu’elles suscitent et leur capacité ou non à régénérer le débat démocratique.
De plus, les techniques de vote sont également remises en cause. Avant l’élection présidentielle, une tribune dans Le Monde a critiqué l’obligation d’inscription sur les listes électorales préalablement au vote, qui serait un frein supplémentaire à la participation des citoyens. Durant la crise sanitaire, le vote par correspondance et le vote numérique ont aussi été évoqués comme potentiels leviers de facilitation de la participation. Néanmoins, au vu des accusations de fraude électorale visant à semer le doute sur les résultats de l’élection présidentielle américaine, ces techniques de vote alternatives sont aussi sujettes à débat. Enfin, la technique du vote majoritaire pourrait amener le vainqueur à disposer d’une base plus large de votants, en renforçant par là sa légitimité et l’obligeant à un consensus plus large.
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